Contrefaçon des dispositifs TIC : un danger sous-estimé pour l’économie numérique

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La contrefaçon des dispositifs TIC gagne du terrain à l’échelle mondiale, fragilisant l’économie numérique, compromettant la sécurité des utilisateurs et menaçant l’environnement. Face à cette menace silencieuse, l’urgence est à la mobilisation collective.

À l’ère du tout-connecté, où les technologies numériques structurent nos vies personnelles, professionnelles et économiques, un péril silencieux gagne du terrain : la contrefaçon des dispositifs TIC. Ce fléau, souvent relégué au second plan des priorités numériques, menace pourtant la sécurité des utilisateurs, l’intégrité des réseaux et la stabilité des économies.

Selon l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), près d’un téléphone mobile sur cinq expédié à l’international est contrefait. Ce chiffre sidérant reflète l’ampleur du problème. Les conséquences sont multiples : pertes financières colossales pour les entreprises technologiques, atteintes graves à la sécurité des données, qualité de service dégradée, et risques pour la santé des utilisateurs. Ces appareils falsifiés, fabriqués en dehors de tout cadre réglementaire, échappent aux normes de sécurité, contiennent des composants de mauvaise qualité et affichent une durée de vie très réduite. Résultat : une explosion des déchets électroniques, aggravant la crise environnementale.

Au-delà de la propriété intellectuelle bafouée, c’est l’écosystème numérique dans son ensemble qui vacille. Les réseaux sont perturbés par ces équipements non conformes, les systèmes de sécurité sont contournés, les utilisateurs sont exposés à des incidents techniques ou sanitaires, et la confiance dans les technologies s’effrite.

Face à cette menace, l’Union Internationale des Télécommunications (UIT) a mis en place une série de recommandations techniques. Parmi elles, la Recommandation UIT-T Q.5054 propose un mécanisme permettant de vérifier l’authenticité des dispositifs mobiles et de retracer les appareils volés ou frauduleux. Ce cadre centré sur le consommateur s’inscrit dans une stratégie globale de sécurisation du marché.

Mais les normes ne suffisent pas. La vigilance du consommateur est aujourd’hui une ligne de défense essentielle. Il devient urgent de renforcer l’information du public, d’expliquer les risques, de montrer comment reconnaître un faux et d’encourager l’achat auprès de sources fiables.

Dans ce contexte, les Associations de Protection des Consommateurs doivent jouer  un rôle crucial en informant et en sensibilisant  les utilisateurs sur les dangers de la contrefaçon, en les conseillant sur les bonnes pratiques d’achat et en défendant leurs droits en cas de litige. Campagnes de sensibilisation, conseils pratiques, partenariats entre le pouvoir public, opérateurs, fabricants et plateformes de vente doivent se multiplier.

Parallèlement, les autorités de régulation ont la responsabilité d’établir des procédures d’homologation rigoureuses pour les équipements et dispositifs TIC mis sur le marché, afin de garantir leur conformité aux normes de sécurité et de qualité. Cette homologation permet de certifier que les appareils sont authentiques et ne présentent pas de risques pour les utilisateurs ou les réseaux.

La lutte contre la contrefaçon des dispositifs TIC est un combat mondial. Elle exige une réponse collective, à la croisée de la régulation, de l’innovation et de la pédagogie. En croisant les efforts des gouvernements, des régulateurs, des industriels et des citoyens, il est possible de freiner la prolifération de ces produits nocifs et de bâtir une économie numérique plus sûre, plus équitable et plus durable. »

Abdoulaye BAH 

Président de l’AGUIDUTEN 

 

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