Protestations des utilisateurs d’internet au Sénégal et en Côte d’Ivoire contre l’augmentation des tarifs des opérateurs

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Depuis quelques jours, des utilisateurs d’Internet en Côte d’Ivoire et au Sénégal expriment leur mécontentement sur la toile, à propos de hausse de tarifs des services Internet pratiqués par certains opérateurs, ce qui a poussé le régulateur dans ces deux pays à monter au créneau.

En Côte d’Ivoire, tout est parti de messages envoyés par les trois opérateurs à leurs clients pour les informer d’une hausse des tarifs conformément à la décision du régulateur, l’Autorité de régulation des télécommunications/TIC de Côte d’Ivoire (ARTCI).

Une levée de boucliers s’en est ensuivi, avec comme action phare un appel au boycott de 72 heures des opérateurs lancé par le député Assalé Tiémoko.

« La mesure d’augmentation des coûts des data est illégale et doit être retirée », selon le député qui explique « qu’elle fait augmenter de façon totalement indécente les coûts de la connexion en Côte d’Ivoire et exclut de l’accès internet nos étudiants, nos élèves, les Ivoiriens qui sont en difficulté financière. »

Au Sénégal aussi, c’est sur les réseaux sociaux que les clients de l’opérateur Orange ont décidé de déverser leur bile contre leur fournisseur d’accès internet. En cause, des changements tarifaires sur l’offre de la Flybox, un boîtier qui permet l’accès à l’internet haut débit suivant des formules au choix.

Le 2 avril, l’Association des clients et sociétaires des institutions financières (ACSIF) appelle au boycott des produits de l’opérateur, un appel relayé sur les réseaux sociaux.

Hausse des tarifs suspendue en Côte d’Ivoire

Le gouvernement ivoirien a décidé de suspendre toute hausse des tarifs internet pour le moment.

L’ARTCI a évoqué un « vice de forme » dans l’application de la mesure, les opérateurs étant tenus d’informer l’organe de régulation de toute modification un mois à l’avance pour permettre des concertations avec les parties prenantes le cas échéant, ce qui ne fut pas fait.

Comment en est-on arrivé là ?

Pour le ministre ivoirien de la communication et de l’économie numérique, Amadou Coulibaly qui s’est exprimé sur les antennes de la télévision nationale, la RTI le 10 avril, la cause principale est à trouver dans « la chasse aux avantages » des différents opérateurs et qui a créé un « désordre » dans le secteur.

Déjà en 2020, l’ARTCI avait enjoint aux opérateurs de ramener le coût du mégaoctet à 1 FCFA pour rester en phase avec les tarifs exigés par le marché, mais, « les opérateurs, dans leur volonté de conserver leurs clients ou de chercher davantage de clients, la rude concurrence qu’ils avaient entre eux » selon le ministre, ont maintenu le tarif autour de 0,5 francs CFA.

En janvier 2023, tous les opérateurs se mettent d’accord pour procéder à la hausse, mais l’ARTCI les engage à ramener à 0,8 franc le coût du mégaoctet au lieu d’1 franc, pour soutenir les usagers dans un contexte de cherté de la vie.

La mesure est prévue pour entrer en vigueur le 06 avril 2023. Les trois compagnies de téléphonie vont baisser le volume des datas dans les formules 4G tout en augmentant le prix, pour refléter le coût de 0,8 franc du mégaoctet.

Et c’est cette décision qui suscite le tollé chez les utilisateurs habitués à un coût de 0,5 franc environ le mégaoctet à cause d’une concurrence farouche entre opérateurs et qui voient en cette mesure une hausse injustifiée.

En suspendant la mesure, le gouvernement engage l’ARTCI « à poursuivre les discussions avec les différents opérateurs pour préserver les intérêts des consommateurs, mais aussi permettre au secteur de rester en équilibre », selon le ministre Coulibaly.

« Réajustements adéquats » au Sénégal ?

C’est ce qu’a demandé le régulateur sénégalais à la Sonatel, qui commercialise la marque Orange visée par l’appel au boycott, dans un communiqué publié le 7 avril sur le site de l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP).

Il a aussi mis en exergue « la nécessité pour Sonatel d’améliorer la communication autour de toute nouvelle offre » pour une meilleure prise en charge des besoins des utilisateurs.

Le 11 avril, l’opérateur a réagi via un communiqué dans lequel il affirme avoir « réduit de moitié les prix d’accès à Internet depuis 2016. »

Alors pourquoi la grogne autour de la nouvelle offre Flybox 4G ?

Sur sa page Facebook, l’ACSIF a appelé au boycott des services de Orange-Sénégal le 2 avril de 9h à 16h, pour protester, selon son président Famara Ibrahima Cissé, contre « des hausses injustifiées » des tarifs de la Flybox.

De 12 900 FCFA pour 300 Gigaoctets mensuels, l’offre est passée à 9900 FCFA pour 80 Gigas ou 16 900 FCFA pour 160 Gigas.

Sonatel indique avoir lancé de nouvelles offres Flybox durant la Covid pour « accompagner les Sénégalais à continuer leurs activités (télé-école, télétravail, etc.) avec un prix fortement subventionné. »

L’opérateur ajoute que « les offres Flybox représentent moins de 1% des abonnés, mais consomment 32% de la capacité data 4G » d’où la nécessité, selon lui, de transférer « ces nouveaux usages post Covid » vers l’ADSL ou la fibre qui peuvent accommoder leurs besoins en très haut débit et éviter une « surcharge du réseau 4G ».

Enfin, Sonatel affirme avoir procédé à « une baisse des tarifs de la gamme en mobilité et une hausse des volumes data sans changement de prix » et clame offrir les offres Flybox les plus abordables sur le marché sénégalais.

Ces annonces n’ont pas calmé les ardeurs de l’ACSIF qui annonce un troisième plan d’action contre l’opérateur et dénonce un communiqué « qui ne renseigne sur aucune baisse, mais plutôt sur des déclarations d’intention infondées. »

L’Artp joue la carte de l’apaisement et « invite les parties prenantes à la retenue et à l’usage des moyens légaux de saisine du régulateur pour que leur cause soit entendue, conformément aux textes en vigueur ».

 

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