État des lieux de l’Intelligence Artificielle en Afrique

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L’adoption de l’intelligence artificielle (IA) en Afrique en 2024 est marquée par des avancées significatives, bien que la progression varie considérablement d’un pays à l’autre.

Voici un aperçu des développements clés dans ce domaine.

L’IA est en train de révolutionner divers secteurs à travers le monde, et l’Afrique ne fait pas exception. Cependant, le niveau d’adoption et de préparation à l’IA varie considérablement d’un pays à l’autre sur le continent. Alors que certains pays se positionnent comme des pionniers de l’IA, d’autres peinent encore à mettre en place les infrastructures et les compétences nécessaires.

Examinons l’état actuel de l’IA  en Afrique, en mettant en lumière les inégalités régionales, les stratégies nationales et les progrès technologiques en cours.

Les inégalités régionales sont marquées par des pays comme Maurice, Rwanda et Kenya, qui se distinguent comme des leaders en matière d’IA, tandis que d’autres, tels que les Comores et l’Ouganda, affichent un faible niveau de préparation à cette technologies. Le Kenya, par exemple, est reconnu pour son utilisation de l’IA dans des applications pratiques, notamment dans les domaines de la santé et des services financiers.

De nombreux pays africains ont également élaboré des stratégies nationales pour intégrer l’IA dans divers secteurs. La Déclaration de Nairobi, adoptée par les pays de l’Afrique de l’Est en 2024, soutient la stratégie de l’Union africaine visant à renforcer la coopération régionale et à promouvoir une gouvernance éthique de l’IA.

En parallèle, des initiatives telles que le Centre africain de compétence pour l’IA au Kenya et le projet d’un Institut d’IA appliqué à Madagascar illustrent les efforts déployés pour développer les compétences nécessaires à l’adoption généralisée de cette technologie sur le continent.

L’IA  est perçue comme un moteur potentiel de croissance économique pour le continent Africain. Selon des estimations, elle pourrait contribuer jusqu’à 1 200 milliards de dollars au PIB africain d’ici 2030, représentant une augmentation significative de 5,6 % . Cette transformation économique est particulièrement attendue dans des secteurs clés tels que la santé, l’éducation et l’agriculture, qui bénéficient des innovations proposées par l’IA.

Dans le secteur de la Santé, l’IA peut améliorer la qualité des soins grâce à des diagnostics plus précis et à une gestion optimisée des ressources. Par exemple, les systèmes d’IA peuvent analyser rapidement des données médicales pour identifier des tendances et prédire des épidémies, ce qui est crucial pour les pays africains souvent confrontés à des défis sanitaires majeurs.

Dans le domaine de l’Education, l’IA offre des solutions personnalisées d’apprentissage, permettant aux enseignants d’adapter leur approche aux besoins spécifiques de chaque élève, ce qui peut contribuer à réduire les inégalités d’accès à une éducation de qualité.

Dans le domaine agricole, l’IA a le potentiel d’optimiser les rendements grâce à des techniques telles que l’analyse prédictive pour la gestion des cultures et la surveillance des conditions climatiques. Les agriculteurs peuvent ainsi prendre des décisions éclairées concernant le moment de planter ou de récolter, ce qui peut augmenter leur productivité et leur rentabilité.

Cependant, pour que ces bénéfices se concrétisent, plusieurs défis doivent être relevés. L’Afrique doit investir dans les infrastructures numériques nécessaires pour soutenir le développement de l’IA, notamment en matière de connectivité Internet et de stockage de données. De plus, il est essentiel de former une main-d’œuvre qualifiée capable de développer et d’appliquer ces technologies. Sans ces investissements et cette formation, le continent risque de ne pas tirer pleinement partie du potentiel transformateur de l’IA.

Bien que l’adoption de l’IA  progresse en Afrique, plusieurs obstacles entravent encore sa diffusion à grande échelle. Parmi ces défis figurent:

Premièrement, l’accès limité à Internet haut débit demeure un défi majeur : seulement 40 % des Africains ont accès à cette technologie, et ce chiffre chute à 10 % dans les pays à faible revenu.

Ensuite, l’absence d’un cadre juridique unifié pour réguler l’utilisation de l’IA complexe son intégration dans les systèmes existants. Bien que certains pays aient commencé à établir des lois sur la protection des données, il n’existe pas encore de réglementation spécifique à l’IA.

Enfin, le manque de compétences en IA constitue un frein important; actuellement, dans de nombreux pays africains, seulement un diplômé sur quatre a suivi des études en sciences, technologies, ingénierie et mathématiques (STEM). Ces défis doivent être surmontés pour permettre une adoption plus efficace de l’IA et maximiser ses bénéfices pour le continent.

L’engagement international est également fondamental pour le développement de l’IA  en Afrique. Des organisations comme l’UNESCO collaborent avec les gouvernements africains pour promouvoir des programmes de formation et renforcer les capacités locales. Cela permet aux pays d’acquérir les compétences nécessaires pour tirer parti des opportunités offertes par l’IA.

Des initiatives telles que le partenariat entre Smart Africa et iSheero visent à faciliter l’accès à l’enseignement de l’IA et à soutenir l’innovation. Parallèlement, la participation proactive  de certains pays  aux discussions internationales sur l’IA souligne leur volonté d’intégrer cette technologie dans leurs stratégies de développement tout en veillant à ce que les besoins africains soient pris en compte dans les politiques mondiales.

L’Initiative pour le Développement de l’Intelligence Artificielle (IDIA) illustre également cet engagement en créant un réseau francophone de recherche pour renforcer les capacités des chercheurs et des décideurs politiques. Cet engagement international est crucial pour catalyser le développement de l’IA en Afrique et maximiser son potentiel pour le développement socio-économique du continent.

Bien que l’adoption de l’intelligence artificielle en Afrique présente tant des opportunités prometteuses que des défis persistants, certains pays se distinguent déjà par leurs avancées rapides dans ce domaine. D’autres doivent intensifier leurs efforts pour rattraper leur retard. La réussite de cette adoption dépendra du développement d’infrastructures robustes, d’un cadre réglementaire adéquat et d’une main-d’œuvre qualifiée.

Les Ministres Africains des TIC ont approuvé la Stratégie continentale pour l’intelligence artificielle (IA) lors de la deuxième session extraordinaire du Comité technique spécialisé dans la communication et les TIC de l’Union africaine, qui s’est tenue du 11 au 13 juin 2024. Cette approbation a eu lieu dans le cadre d’initiatives visant à accélérer la transformation numérique du continent et à exploiter le potentiel des nouvelles technologies

Malgré ces défis, l’Afrique bénéficie d’une population jeune et technophile offrant un potentiel considérable pour adopter ces technologies innovantes. Avec des investissements appropriés dans les infrastructures et la formation, le continent pourrait non seulement rattraper son retard mais également devenir un acteur majeur sur la scène mondiale de l’IA.

 

Abdoulaye BAH ticguinée

 

Références :    https://oxfordinsights.com/

 

 

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