Alors que le monde numérique exige des réseaux toujours plus puissants et performants, le nouveau rapport de la GSMA révèle une réalité alarmante : la hausse des coûts du spectre pèse lourdement sur les opérateurs télécoms, bridant les investissements nécessaires à l’expansion des infrastructures mobiles, notamment dans les réseaux 4G et 5G.
Dans son « Global Spectrum Pricing Report », la GSMA met en évidence une hausse de 63 % de la charge financière liée au spectre au cours des dix dernières années. Un chiffre d’autant plus frappant que, dans le même temps, les revenus par Go de données ont chuté de 96 %. Le paradoxe est net : les prix unitaires baissent, mais la facture totale grimpe, car les opérateurs sont contraints d’acquérir toujours plus de spectre pour répondre à la croissance exponentielle du trafic.
Selon le rapport, les coûts cumulés du spectre représentent désormais 7 % des revenus des opérateurs mobiles à l’échelle mondiale, contre 4,3 % il y a une décennie. Dans certains pays, ce fardeau atteint jusqu’à 25 % des recettes, impactant directement la capacité d’investissement et de modernisation des réseaux.
En cause : des choix politiques et réglementaires jugés contre-productifs par la GSMA. Parmi eux, la fixation de prix de réserve artificiellement élevés, la création d’une rareté artificielle de fréquences, et des obligations de licence lourdes, qui déséquilibrent la concurrence et fragilisent l’écosystème numérique.
L’étude établit un lien direct entre la hausse des coûts du spectre et la réduction des performances réseau : moins de couverture, débits mobiles limités, connectivité insuffisante dans les zones rurales. À l’heure où la connectivité est un droit d’accès fondamental à l’éducation, à la santé ou à l’économie, cette pression met en péril l’inclusion numérique mondiale.
« Un dollar ne peut être dépensé qu’une seule fois, » rappelle Vivek Badrinath, directeur général de la GSMA. « Et si ce dollar part dans des frais de licence excessifs, il ne pourra pas financer une tour 4G, une fibre optique, ou une couverture de zone blanche. Les États doivent revoir leurs stratégies tarifaires s’ils veulent favoriser un développement numérique durable. »
Près de 1 000 licences de spectre arriveront à échéance d’ici à 2030. Pour la GSMA, il s’agit d’une opportunité historique de repenser les règles du jeu. Elle appelle les décideurs politiques et les régulateurs à :
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Fixer des prix de spectre réalistes et alignés sur le marché ;
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Supprimer les barrières artificielles à l’allocation ;
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Accélérer le renouvellement des bandes pour favoriser la couverture universelle.
Car si le spectre est une ressource publique précieuse, son usage optimal repose sur un équilibre juste entre revenus étatiques et investissements privés. L’avenir du numérique – surtout dans les pays émergents – dépendra de la capacité à rendre le spectre accessible, abordable et durable.
Alors que la demande en connectivité explose, les opérateurs sont pris en étau entre des revenus en baisse et des coûts d’attribution en hausse. Le spectre est devenu le nerf de la guerre pour l’avenir des télécoms, et son prix pourrait bien décider du sort des prochaines générations de réseaux.
Source : Rapport du GSMA