Nigeria : 600 milliards de nairas collectés auprès des géants du numérique

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Le Nigeria franchit une étape décisive dans la taxation de l’économie numérique. Pour la première fois, des géants mondiaux comme Facebook, Amazon et Netflix ont reversé plus de 600 milliards de nairas de TVA au fisc nigérian. Une réforme majeure qui pourrait transformer durablement les recettes publiques et réduire la dépendance aux revenus pétroliers.

Pendant longtemps, les grandes plateformes étrangères présentes au Nigeria qu’il s’agisse de streaming, de publicité en ligne ou de commerce électronique évoluaient en dehors du cadre fiscal local, malgré leur immense popularité auprès des consommateurs nigériens. Mais tout a changé avec les récentes modifications de la loi sur la TVA : désormais, ces entreprises non résidents doivent percevoir la taxe directement auprès des utilisateurs nigériens et la reverser au Federal Inland Revenue Service (FIRS). Concrètement, chaque abonnement Netflix, chaque campagne publicitaire Facebook ou achat sur Amazon enrichit désormais les recettes fiscales du pays.

Lors d’un atelier à Abuja, Mathew Osanekwu, Conseiller Spécial en politique fiscale auprès du Comité présidentiel, a annoncé que plus de 600 milliards de nairas ont déjà été collectés grâce à cette réforme. Une avancée majeure pour un pays où le ratio fiscaux sur le PIB reste faible, à seulement 10,8%, alors que la moyenne africaine tourne autour de 16%.

Les autorités nigérianes s’engagent cependant à rassurer : il ne s’agit pas d’instaurer de nouvelles taxes. Au contraire, leur objectif est de mieux structurer et simplifier le système fiscal existant, en élargissant l’assiette fiscale mais aussi en allégeant les charges pour les plus vulnérables. Par exemple, les particuliers gagnant moins de 800 000 nairas par an seront exonérés d’impôt, tandis que les petites et moyennes entreprises avec un chiffre d’affaires inférieur à 100 millions de nairas bénéficieront d’un allègement fiscal.

Dans la même lancée, les grandes sociétés et les hauts revenus continueront à contribuer davantage. Le Professeur Taiwo Oyedele, président du comité de réforme, reprend cette démarche en insistant sur trois piliers : simplification, respect des obligations fiscales et responsabilisation des acteurs économiques.

Au-delà de la simple collecte, cette réforme s’accompagne d’une volonté claire de lier les recettes fiscales à des projets concrets, tout en obligeant les multinationales à jouer leur rôle. Le Nigeria envoie ainsi un message fort, pas seulement pour lui-même, mais pour l’ensemble du continent africain, souvent confronté aux mêmes défis en matière de civisme fiscal et de diversification des sources de revenus.

Avec cette collecte historique de 600 milliards de nairas de TVA auprès des géants du numérique, le Nigeria marque un vrai tournant. Ce n’est pas qu’une simple mesure technique, c’est un changement profond de paradigme : faire de l’économie numérique un véritable moteur financier pour l’État, tout en protégeant ceux qui en ont le plus besoin.

Par Abdoulaye BAH

Spécialiste Télécommunications & Numérique

 

 

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