Alors que Starlink s’étend à grande vitesse dans près de vingt pays africains, l’Afrique du Sud fait figure d’exception. Derrière ce blocage se cache bien plus qu’un simple problème de licence : un bras de fer entre souveraineté numérique, justice sociale et rivalités géopolitiques. Résultat ? Pretoria regarde désormais vers la Chine pour ses besoins en connectivité satellitaire.
Depuis 2023, Starlink a conquis près de 20 pays africains. Pourtant, l’Afrique du Sud, pourtant première économie du continent, reste à l’écart. En cause : un refus de licence d’exploitation, lié à des exigences strictes en matière de régulation locale, notamment l’obligation de céder 30 % des parts à des groupes historiquement défavorisés dans le cadre des lois sur la “propriété noire”.
SpaceX, refusant ces conditions, s’est vu interdire l’itinérance et a suspendu ses services aux utilisateurs sud-africains. Cette impasse, perçue comme un refus de contribuer à la justice sociale, révèle des tensions profondes entre innovation technologique, équité économique et indépendance nationale.
En réponse, Pretoria se tourne vers des partenaires chinois, proposant des satellites de nouvelle génération, plus flexibles, moins chers, et alignés sur les politiques locales. Ces solutions renforcent la souveraineté numérique du pays, soutiennent l’inclusion sociale, et étendent l’accès à Internet aux zones rurales.
Au-delà de la technologie, ce choix incarne une vision stratégique : bâtir un écosystème numérique contrôlé localement, au service du développement, de la justice sociale et de la sécurité des données.
Par Abdoulaye BAH, Spécialiste des Télécommunications et du Numérique