L’acquisition de 75 % des actions de MTN Guinée par le gouvernement guinéen, officialisée le 30 décembre dernier, pourrait marquer un tournant décisif dans le paysage des télécommunications en République de Guinée. Cette opération, réalisée pour un franc symbolique, fait de l’État l’actionnaire majoritaire de la société Areeba, filiale de MTN, et soulève des questions sur l’avenir du secteur télécoms dans le pays.
En effet, MTN a décidé de se retirer du marché guinéen en raison d’une évaluation défavorable de sa rentabilité et de sa capacité à financer sa propre croissance. Selon Ralph Mupita, PDG du groupe MTN, la décision de céder ses opérations à l’État était motivée par une volonté d’optimiser le portefeuille d’activités du groupe et de se concentrer sur des marchés offrant un potentiel de croissance durable. La vente de MTN Guinée ouvre ainsi la voie à une nouvelle ère sous propriété locale, permettant une meilleure adaptation aux besoins spécifiques du marché guinéen des télécommunications.
Les Défis de Guinée Télécom
Le gouvernement aspire à relancer Guinée Télécom, l’opérateur historique du pays, qui a fait faillite en 2012 et n’a jamais réussi à se remettre sur pied. La relance de Guinée Télécom est considérée comme une priorité pour améliorer les infrastructures télécoms et offrir des services plus compétitifs aux Guinéens.
En effet, Sotelgui SA, devenue Guinée Télécom, qui était autrefois un acteur majeur du secteur des télécommunications en République de Guinée, a été victime d’une gestion gestion déficiente et d’une concurrence accrue. La nationalisation des actions de MTN pourrait offrir une opportunité unique pour relancer cette entreprise publique. Le gouvernement pourrait envisager de fusionner les ressources et les infrastructures de MTN avec celles de Guinée Télécom pour créer un opérateur plus puissant capable de rivaliser efficacement avec les autres opérateurs présent sur le marché des télécoms en Guinée.
Cependant, pour réussir cette transition et garantir la pérennité des services offerts aux consommateurs, il sera nécessaire que l’État envisage également de céder certaines actions à un partenaire disposant des moyens techniques et financiers nécessaires pour accompagner cette relance. Un tel partenariat pourrait apporter l’expertise requise pour moderniser les infrastructures existantes et développer des services innovants adaptés aux besoins du marché guinéen.
Avec l’acquisition de MTN Guinée par l’État, le gouvernement guinéen pourrait poursuivre plusieurs objectifs stratégiques. Tout d’abord, il vise à renforcer l’infrastructure des télécommunications du pays en intégrant les technologies avancées et les infrastructures modernes de MTN, ce qui permettra d’améliorer la qualité des services offerts aux consommateurs guinéens.
Ensuite, la relance de Guinée Télécom est envisagée pour stimuler la concurrence sur le marché. Cette initiative pourrait bénéficier aux consommateurs en offrant une gamme de services améliorés et en réduisant les prix.
Enfin, cette acquisition pourrait également offrir des opportunités d’emploi aux jeunes diplômés guinéens. Le développement d’un opérateur national puissant et compétitif est susceptible de générer des emplois dans divers domaines, allant de la gestion technique à la vente et au service à la clientèle. En favorisant l’émergence d’un écosystème numérique dynamique, le gouvernement espère également encourager l’entrepreneuriat local et soutenir la création de start-ups.
Cependant, d’autres défis subsistent. La gestion rigoureuse des dettes fiscales et des engagements financiers liés à cette acquisition sera essentielle pour stabiliser et relancer les activités de la future entité. De plus, le gouvernement devra faire face à l’obsolescence des infrastructures existantes et à la nécessité d’attirer des investissements pour moderniser le secteur.
L’acquisition de MTN Guinée par le gouvernement représente une occasion unique de redéfinir le paysage des télécommunications en Guinée. Elle offre non seulement la possibilité d’améliorer les services offerts aux citoyens mais aussi celle de renforcer la souveraineté économique du pays dans un secteur stratégique.
L’avenir du secteur dépendra néanmoins des décisions stratégiques prises par le gouvernement dans les mois à venir et de sa capacité à gérer efficacement cette transition.
A. BAH