Twitter a masqué un tweet de Donald Trump, estimant qu’il faisait “l’apologie de la violence”. C’est une nouvelle escalade dans la bataille entre Trump et Twitter. Explications.
Vendredi, le réseau social a masqué un tweet du président américain estimant qu”il faisait l’ “apologie de la violence”. Dans ce message, Trump évoque les émeutes qui ont éclaté à Minneapolis après la mort d’un homme noir lors de son interpellation par la police : “Ces VOYOUS déshonorent la mémoire de George Floyd, et je ne laisserai pas faire cela. Viens juste de parler au gouverneur Tim Walz et lui ai dit que l’armée est à ses côtés tout du long. Au moindre problème, quand les pillages démarrent, les tirs commencent. Merci!”
Twitter s’explique.
“Nous avons placé un avis d’intérêt public sur ce Tweet de @realdonaldtrump”, a écrit Twitter vendredi matin. Dans une série de message visant à s’expliquer, le réseau social ajoute : “Nous avons pris des mesures pour empêcher que d’autres personnes soient incitées à commettre des actes violents, mais nous avons gardé le Tweet sur Twitter parce qu’il est important que le public puisse toujours le voir, étant donné sa pertinence pour les questions d’importance publique en cours.” Et d’ajouter : “Les gens pourront retweeter avec un commentaire, mais ne pourront pas le ‘liker’, y répondre ou le retweeter.”
La deuxième intervention cette semaine. Mardi, pour la première fois, Twitter avait apposé un module redirigeant les internautes vers une page de fact-cheking sous deux tweets du président Trump, qui affirmaient que le vote par correspondance était forcément “frauduleux” car sujet aux manipulations, une question ultra-sensible en pleine année électorale.
Trump répond avec un décret. Jeudi, Donald Trump a signé un décret visant à limiter la protection judiciaire des réseaux sociaux afin selon lui de “défendre la liberté d’expression face à un des pires dangers qui soit”. Il s’attaque à la célèbre Section 230 du “Communications Decency Act”, qui offre notamment à Facebook, Twitter ou YouTube une immunité contre toute poursuite judiciaire liée aux contenus publiés par des tiers et leur donne la liberté d’intervenir sur les plateformes à leur guise. Le décret cherche à modifier le champ d’application de cette loi de 1996 et affirme que l’immunité ne peut s’étendre à ceux qui pratiquent la “censure de certains points de vue”. Il devrait être le point de départ d’une longue bataille en justice.
Pourquoi c’est important. Twitter est le premier outil de communication de Donald Trump, qui compte plus de 80 millions d’abonnés sur la plateforme. A l’approche de la présidentielle, le président américain étend sa bataille contre les médias, qu’il estime biaisés et corrompus, aux réseaux sociaux. Depuis plusieurs mois déjà, il les accuse de faire “taire les voix des conservateurs”. “Twitter ne fait rien contre tous les mensonges et la propagande de la Chine ou du parti démocrate radical”, a-t-il écrit vendredi. Un moyen d’unir sa base à quelques mois du scrutin, alors que les critiques sur sa gestion de l’épidémie se multiplient. Pour Twitter comme pour tous les réseaux sociaux, la présidentielle offrira un test majeur sur leur capacité à réguler l’information. Facebook a été accusé en 2016 de ne pas avoir été assez ferme face aux fausses informations qui ont jalonné la campagne ; Twitter, de son côté, est critiqué depuis des années pour sa gestion jugée trop laxiste des contenus haineux.