Égypte : Le cœur numérique du pays en flammes

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Lundi dernier, un incendie d’une rare intensité a frappé le datacenter Ramses Central de Telecom Egypt, situé au Caire. Ce sinistre a coûté la vie à quatre personnes, blessé une trentaine d’autres, et provoqué une interruption massive des réseaux numériques à l’échelle nationale. L’immeuble de dix étages, considéré comme une colonne vertébrale des télécommunications égyptiennes, a été envahi par les flammes pendant plus de six heures.

Le feu s’est déclaré au septième étage, dans une salle serveurs abritant des équipements critiques. Selon le ministre des Communications, Amr Talaat, le système d’extinction d’incendie a été rapidement submergé par l’intensité du sinistre. Le feu s’est propagé à travers les canalisations, nécessitant une opération d’urgence des équipes de la protection civile.

L’incendie du datacenter Ramses Central a entraîné une série de perturbations immédiates dans les services numériques du pays. La connectivité nationale a chuté de manière drastique, avec une baisse estimée à 62 %, accompagnée d’interruptions temporaires des réseaux mobiles et des lignes fixes. Les systèmes de paiement en ligne ont été bloqués, la Bourse égyptienne (EGX) suspendue, et le trafic aérien local fortement désorganisé.

En réponse, des mesures d’urgence ont permis de rediriger les flux vers d’autres infrastructures, amorçant une reprise progressive des services dès le lendemain. Néanmoins, certaines zones rurales demeuraient affectées, nécessitant l’intervention ciblée des équipes techniques pour rétablir complètement les connexions.

Dès mardi, le ministre a fait face à une enquête parlementaire. Plusieurs élus ont qualifié l’incendie d’« échec catastrophique », dénonçant un manque de transparence dans la gestion des fonds destinés à la transformation numérique. Des voix appellent à un audit complet de la résilience des infrastructures technologiques nationales.

Cet incident soulève une question plus large : comment sécuriser les datacenters africains dans une ère de dépendance numérique accrue ? Ramses Central n’est pas un cas isolé, mais un signal fort adressé aux États et opérateurs : sans investissements conséquents dans la sécurité, la redondance et les protocoles de crise, la souveraineté numérique reste exposée.

 

Par Abdoulaye BAH, Spécialiste TIC/TELECOM 

 

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