Déclaration de Cotonou : l’Afrique de l’Ouest et du Centre s’engagent sur une feuille de route ambitieuse pour une révolution numérique à l’horizon 2030

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À l’issue du sommet régional organisé les 17 et 18 novembre 2025 au Bénin, les ministres du numérique d’Afrique de l’Ouest et du Centre ont adopté la Déclaration de Cotonou, marquant une volonté claire de leurs États d’accélérer la transformation digitale de la région.

Cette déclaration traduit une ambition commune : offrir d’ici 2030 un accès fiable et abordable au haut débit pour 90 % de la population, mettre en place des infrastructures numériques publiques interconnectées comme l’identité numérique et les systèmes de paiement, stimuler le commerce électronique intra-africain en le doublant, et instaurer des règles harmonisées en matière de cybersécurité, de gouvernance des données et d’intelligence artificielle.

La priorité affichée par la Déclaration de Cotonou est l’accès universel, soulignant l’importance de garantir un accès abordable au haut débit pour 90% des habitants de la région. Cette ambition s’étend également à une formation de masse cruciale pour alimenter un écosystème d’innovation florissant. L’objectif est de voir 20 millions de personnes acquérir des compétences numériques de base, et 2 millions de jeunes et de femmes s’engager activement dans le secteur numérique en tant qu’employés ou entrepreneurs. Comme l’a rappelé Abdoulaye Bio Tchané, Ministre d’État du Bénin, « Le numérique est un accélérateur majeur de productivité et d’innovation, particulièrement crucial pour notre jeunesse. Le Bénin fait du numérique un pilier de sa transformation économique. »

Sur le plan technologique, la Déclaration de Cotonou met un accent particulier sur la promotion des solutions africaines d’intelligence artificielle. Pour y parvenir, elle prévoit la construction d’infrastructures régionales de calcul, de cloud et de gestion des données, qui sont essentielles pour former et déployer des modèles d’IA adaptés au continent. De plus, afin de garantir un environnement numérique sûr et éthique, les ministres ont convenu d’adopter des normes harmonisées en matière de cybersécurité, de gouvernance des données et d’IA. Cet impératif d’action est souligné par Sangbu Kim, Vice-président du Groupe de la Banque mondiale, qui affirme : « L’intelligence artificielle ne nous attend pas. Il faut agir pour que l’Afrique devienne un moteur d’innovation, d’inclusion et de prospérité grâce au numérique. »

La concrétisation de ces objectifs ambitieux nécessitera une mobilisation financière sans précédent. Pour structurer ces efforts, la Déclaration de Cotonou prévoit l’engagement d’investissements publics et privés, encadrés par la mise en place de Pactes Numériques nationaux. Ces pactes sont conçus pour synchroniser les réformes, financer les infrastructures clés et renforcer les partenariats avec le secteur privé.

De plus, des initiatives régionales majeures, telles que la Mission 300 (M300) – qui vise à connecter 300 millions d’Africains à l’électricité d’ici 2030 – seront intégrées pour soutenir cette transformation multidimensionnelle. Comme l’a souligné Aurélie Adam Soulé Zoumarou, Ministre du Numérique du Bénin, « Le numérique est une obligation stratégique qui nécessite une alliance forte entre États, secteur privé, société civile et jeunesse. Cette synergie est la clé d’une transformation inclusive. » Un point de vue partagé par Ousmane Diagana, vice-président de la Banque mondiale pour la région, qui a ajouté que la « coordination des bailleurs, une communication renforcée et les Pactes Numériques seront essentiels pour mobiliser les ressources et impulser une dynamique régionale vertueuse. »

Source : Banque Mondiale

Par Abdoulaye BAH

Spécialiste Télécommunications & Numérique

 

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