“Je dédie cet article à toutes les femmes victimes”
À l’heure où le numérique occupe chaque aspect de la vie sociale, la violence en ligne contre les femmes explose. Les 16 jours d’activisme mettent en lumière l’urgence d’un Internet plus sûr, invitant plateformes, institutions et experts à agir pour une cybersécurité réellement inclusive.
À l’occasion de la campagne mondiale des 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre, plusieurs organisations internationales, institutions nationales et actrices de la société civile unissent leurs forces autour d’un thème central : « Tous Unis pour mettre fin à la violence numérique contre les femmes et les filles ».
Cyberharcèlement, chantage, intimidation en ligne : cette forme de violence explose avec l’extension du numérique et touche de manière disproportionnée les femmes.
Cyberharcèlement, diffusion non consentie d’images, deepfakes, menaces, doxxing : les formes de violences se multiplient dans les espaces numériques, exposant les femmes et les filles à des risques psychosociaux et professionnels majeurs.
Les agences onusiennes alertent sur un phénomène qui progresse plus vite que les protections juridiques, laissant des millions de femmes sans recours.
Selon plusieurs études internationales, une femme sur trois a déjà subi une forme de violence numérique. Les jeunes filles, les journalistes, les défenseuses des droits humains et les personnalités publiques figurent parmi les premières cibles.
Dans plusieurs pays africains, les initiatives se multiplient.
À Dakar, une vingtaine d’ambassadrices accréditées au Sénégal, soutenues par ONU Femmes et d’autres agences, ont appelé à une mobilisation collective pour sécuriser les espaces numériques. Elles insistent sur la nécessité de renforcer la loi, responsabiliser les plateformes et investir dans la prévention.
En République démocratique du Congo, plusieurs femmes journalistes congolaises ont dénoncé l’ampleur des menaces numériques à leur encontre : campagnes de dénigrement, diffusion non consentie d’images, insultes sexistes…
Elles appellent à une meilleure protection juridique, à des mécanismes de plainte efficaces et à une formation accrue des femmes aux outils de cybersécurité.
Les agences des Nations Unies placent la lutte contre la violence numérique au cœur de ces 16 jours.
Le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) rappelle que la lutte contre la violence numérique exige une réponse intégrée, à la fois technologique, politique et communautaire. Cette approche inclut l’adoption de nouvelles législations contre la cyberviolence, la responsabilisation accrue des plateformes numériques, le renforcement des systèmes de modération, ainsi qu’une meilleure éducation au numérique, en particulier à destination des jeunes filles.
Parallèlement, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) souligne la vulnérabilité spécifique des femmes migrantes, souvent exposées au chantage numérique et à des formes insidieuses de violence en ligne. Dans cette dynamique, le World YWCA propose, à travers son Toolkit 2025, une série d’outils concrets pour agir : campagnes digitales, stratégies de riposte en ligne, ressources psychologiques et guides de cybersécurité, visant à renforcer les capacités individuelles et collectives face à ces menaces.
Pour les experts des technologies de l’information et de la communication (TIC), la lutte contre la violence numérique implique une approche multidimensionnelle. Elle passe par le développement d’algorithmes capables de détecter les contenus violents, l’adoption de normes de confidentialité plus strictes, la promotion de plateformes numériques plus transparentes, ainsi que l’intégration de la dimension genre dans les politiques nationales de cybersécurité.
Les 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes rappellent que le numérique n’est pas un espace neutre : il doit être pensé et construit pour protéger, autonomiser et inclure, et non pour exclure ou violenter.
La campagne « 16 jours d’activisme » rappelle que la lutte contre la violence numérique ne relève pas uniquement des victimes, mais qu’elle exige une mobilisation collective. Elle repose sur la responsabilité des plateformes numériques, l’adoption de lois adaptées aux nouvelles formes de cybercriminalité, une éducation digitale accessible à toutes, ainsi qu’une solidarité active au sein des communautés en ligne. À travers ces initiatives, un message clair est porté : aucune femme ne doit être réduite au silence, ni dans la rue, ni sur Internet.
La bataille contre la violence numérique s’impose désormais comme un combat global et collectif, engageant institutions, acteurs technologiques et sociétés civiles dans une même dynamique de protection et d’autonomisation.
























